La lutte contre le gaspillage alimentaire

Les Allemands sont-ils vertueux en matière de lutte contre le gaspillage alimentaire ?

Comment est-ce que l'Allemagne lutte contre ce phénomène ?

Quelles différences avec la France ?

Le CEC vous donne un tour d'horizon de la situation de part et d'autre du Rhin ainsi que quelques conseils. 

Questions-réponses

L’Allemagne produit environ 12 millions de tonnes [1] de déchets alimentaires par an, ce chiffre est estimé à 10 millions la France [2].

Chaque Allemand jette ainsi en moyenne 75 kg de nourriture par an soit l’équivalent de plus de deux repas par semaine, un Français jette 30 kg par an.

En Allemagne, les ménages sont responsables de plus de la moitié du gaspillage alimentaire, l’autre moitié étant attribuée à la restauration (14%), la production (12%), la transformation (18%) ou les commerces (4%).

En France, les consommateurs ne sont pas les plus gros gaspilleurs et les pertes sont davantage réparties : 32% en phase de production, 21% en phase de transformation, 14% en phase de distribution et 33% en phase de consommation.

Alors que la France a mis en place dès 2013 des premières mesures avec un Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire, l’Allemagne a mis un peu plus de temps à réagir contre le phénomène du gaspillage alimentaire.

Le gouvernement fédéral a établi début 2019 un plan de lutte avec pour objectif de réduire de 50% le gaspillage alimentaire d'ici à 2030.

Le Bundesministerium für Ernährung und Landwirtschaft et les Länder ont mis en ligne le site : "Zu gut für die Tonne" (en allemand) qui propose des bonnes pratiques, des appels à projets, des initiatives à tous les niveaux de la chaîne de production alimentaire jusqu’au consommateur final.

Ils en appellent à la responsabilité et la mobilisation de chacun.

A la grande différence de la France, les mesures en Allemagne restent facultatives ou incitatives et ne sont pas contraignantes.

A l'instar de l'Allemagne avec la consigne de bouteilles, la France est considérée comme pionnière en Europe en matière de lutte contre le gaspillage alimentaire.

En France si un distributeur alimentaire ou un grossiste (dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 50 millions d’euros) détruit ses invendus alimentaires encore consommables, il s’expose à une amende pouvant atteindre jusqu’à 0,1% de son chiffre d’affaires.

En Allemagne, il n’y a aucune interdiction et un supermarché peut détruire ses invendus alimentaires à l’eau de Javel déversée sur ses poubelles, une pratique fréquente.

Ceux qui se servent dans les poubelles des supermarchés (les « Containers » en allemand) peuvent être sanctionnés pour vol d’après les juges de la Cour constitutionnelle fédérale allemande, ce qui n’est pas toujours bien compris par l’opinion publique en Allemagne.

Contrairement à la France, les supermarchés ou les grossistes allemands ne sont pas non plus obligés de proposer de donner leurs invendus alimentaires à des associations.

Certains partis politiques en Allemagne, comme le parti des Verts « Bündnis 90/Die Grünen », appellent à des mesures plus contraignantes et suivre l’exemple français.

En pratique, il existe dans beaucoup de villes allemandes des organisations appelées « Tafeln » - il y en a plus de 940 en tout en Allemagne - qui collectent les invendus et les redistribuent aux personnes qui sont dans le besoin. Elles sont en partie subventionnées par des fonds publics.

Non, les restaurants ne sont pas obligés de donner leurs invendus ni en France ni en Allemagne. Certains le font en pratique.

En France les restaurateurs ont l’obligation d’ici octobre 2020 de lister les quantités de denrées alimentaires gaspillées et de leurs coûts.

A partir du 1er juillet 2021, vous aurez le droit de réclamer un « doggy bag » avec la fin de votre plat dans un restaurant français.

En Allemagne, le restaurant n’est pas obligé de vous donner un doggy bag, sauf s’il l’affiche explicitement sur sa vitrine.

En pratique, beaucoup de restaurants en Allemagne acceptent si vous le réclamez.

Les applications populaires en Allemagne pour récupérer les invendus sont Tafel-App, To Good To Go, Zu gut für die Tonne, Foodsharing, ou encore ResQClub.

Chacun est appelé à adopter un comportement responsable et éviter au maximum de jeter la nourriture chez soi, au restaurant, à la cantine, etc.

Si vous faites vos courses en Allemagne, il faut distinguer :

  • La « Mindesthaltbarkeitsdatum » qui est la date limite avant laquelle un produit alimentaire est susceptible de changer d’aspect sans toutefois présenter un risque pour vous si vous le consommez (équivaut à « la date de durabilité minimale » en France). Si vous voyez indiqué sur le paquet « Mindestens haltbar bis … “, le produit peut être encore consommé après cette date s’il a été bien conservé.
  • La « Verbrauchsdatum » qui indique la date limite impérative à respecter pour consommer le produit (équivaut à la « date limite de consommation » en France). S’il est indiqué „zu verbrauchen bis …“, vous ne devez plus consommer le produit.

Seuls 70% des consommateurs allemands connaitraient la différence ce qui aurait un impact sur le gaspillage alimentaire.